Ma mère était une salope aux longs cheveux noirs qui coulaient sur ses épaules comme deux jets d’une même fontaine. Elle a pris si peu le temps de nous border le soir que c’est impossible pour moi de penser à l’enfance en l’imaginant auprès de l’un de nous. Jamais une comptine, jamais une histoire, rien, rien que la voix rauque qui crachait sa fumée dans un nuage obscur. Elle nous envoyait au lit depuis le canapé en répétant toujours les mêmes mots : dégagez les morveux, débarrassez-moi le plancher. Au lit, j’ai dit ! C’était ces mots doux à elle. Dorian me ramassait et me traînait par le bras jusqu’à mon lit, et je disais bonne nuit dans ma barbe, en m’arrachant du film qu’on regardait et qu’elle allait regarder jusqu’au bout. Dans notre chambre, mon frère dormait dans le lit du dessus, il se hissait jusque là après que je m’étais cachée sous la couverture poussiéreuse qui m’a longtemps servi de tombe.
Je rêvais les mêmes rêves toutes les nuits, je jouais seule devant un miroir en interférant tour à tour les personnages de mon imagination. Il n’y avait pas l’épaisse odeur de l’haleine de ma mère, il n’y avait pas ses dents jaunes à la commissure de ses lèvres ni ses yeux gris-vert pointés sur moi. La cigarette et les pipes la gâtaient.
J’ai passé une nuit longue et agitée des années durant, à me réveiller la tête au pied du lit et le cul baignant dans ma pisse. Dorian m’engueulait et je filais rincer les draps dans le lavabo. C’était encore un de ces éviers bruns des années 70 avec un bouchon en plastique qui avait disparu. Je prenais un gobelet retourné en guise de bouchon, mais ça n’était pas très étanche. Je devais éviter de réveiller ma mère qui avait sa chambre à côté de la salle de bains. J’étendais le linge dans ma chambre, je retournais le matelas, et j’arrivais à l’école en retard. Parfois, ma mère sortait avec un de ces péquenauds qu’elle avait trouvé dans un bal ou au bar, et je me prenais une torgnole par ce balourd que je ne connaissais pas la veille et qui se prenait déjà pour mon père. Ma mère s’occupait des finitions comme elle disait, et j’en reprenais pour mon grade.
Parfois dans mes rêves, j’entendais comme le grésillement d’une télévision et je ne voyais plus que de la neige blanche sur fond noir qui tombait, tombait. J’aimais bien ces rêves.
Comme ça me plaisait aussi, à cette époque, de ne rien faire ! Parfois je m’enfermais des heures dans ma chambre. Il n’y avait pas de clef mais personne ne songeait à venir me chercher ici. Je me roulais dans les couettes comme un gros boudin au bout du lit, et si quelqu’un était passé, il se serait dit tiens, ces gosses ont une drôle de façon de refaire leur lit. Le collège appelait alors à la maison : ma mère pensait que je faisais l’école buissonnière, mais elle s’en foutait pas mal. Et puis c’était rare qu’elle réponde au téléphone. L’important, c’était que le balai soit passé, un coup de serpillière, une gamelle de pâtes sur la table, le reste n’avait pas beaucoup d’importance. Celui de Dorian ou de moi qui faisait à manger était celui qui avait le plus de choses à se reprocher. Pour des bagatelles, mon frère prenait l’ascendant sur moi. Il avait un instinct pour m’escroquer.
C’est comme ça qu’un jour, j’ai volé à ma mère deux cents francs dans sa commode et que mon frère l’a appris. Il finissait toujours par tout savoir. J’ai partagé mon butin pour qu’il garde le silence, mais il me faisait chanter et j’étais corvéable à merci. Moi, je voulais juste m’acheter des trucs à manger, des bonbons, des glaces, et peut-être bien un jouet qui consistait en un chien mécanique qui n’était pas fourni avec les piles. Ma mère avait accusé le mec qui l’avait quitté la veille de lui avoir volé l’argent, de ce coté-là j’ai été tranquille pendant un bon moment. Je cachais mon automate, Croquette, sous les escaliers extérieurs. Je lui disais plein de choses, à mon chien, je lui racontais ma journée, je lui disais mes inquiétudes, je le montais contre mon frère. Et ça me faisait du bien, quand j’y repense, de lui dire tout ça, de vider un peu mon sac comme on dit. Mais quelques semaines plus tard, un petit laideron du quartier m’a vue jouer avec lui, et, comme par hasard, je ne l’ai plus retrouvé la fois d’après, quand j’ai voulu le chercher. Elle s’appelait Jessica. Elle faisait partie des gamins qui nous insultaient mon frère et moi quand on passait dans la rue.
Je n’ai jamais été du genre à trop me résigner. Et j’ai bien essayé de le récupérer, Croquette, mais Jessica Boldoni était une fille plus grande que moi, ce qui ne m’aurait pas dérangée si j’avais dû me battre contre elle, mais elle pleurait tout le temps dans les jupes de sa mère. Pour un oui ou pour un non, Jessica Boldoni allait raconter des mensonges à sa vieille et celle-ci ameutait tout le quartier. Je ne voulais pas que sa mère aille voir la mienne. J’avais déjà prévu la scène : j’aurais eu tort devant les Boldoni parce que ma mère m’aurait demandé où j’avais eu ce jouet, et j’aurais dû avouer que c’était à Jessica, puisqu’elle pouvait s’acheter ce qu’elle voulait. Il aurait mieux valu que je vole le chien à cette fille qu’à ma mère, mais dans le meilleur des cas, vue ma situation, il valait mieux que je me fasse une raison et que je renonce à Croquette. Je lui ai donc confectionné une tombe avec deux bouts de bois que j’ai cloués ensemble pour faire une croix, et j’ai enterré une boîte à chaussures vide dans le jardin du voisin, parce qu’on n’avait pas de jardin, nous. Monsieur Benaoui n’a rien dit, c’était un très vieux monsieur, mais au bout de quelques jours il a enlevé la croix qu’il a jetée par dessus le grillage, devant notre maison.
Parfois Dorian et moi, on jouait ensemble à espionner le vieux Benaoui. C’était un vieil Arabe qui reluquait beaucoup les femmes qui passaient devant chez lui, et même qui des fois les sifflait pour qu’elles se retournent. Ça marchait presque à tous les coups : des fois, il se faisait engueuler, des fois, surtout quand c’était ma mère, elles lui souriaient. Malheureusement pour nous, parce que ce sont des choses qui ne font jamais plaisir, on a surpris ma mère chez lui pendant qu’on jouait. On pouvait voir beaucoup de choses depuis la lucarne de notre grenier, y compris assez de choses qui se passaient dans la chambre du vieux. Je ne sais pas combien il payait, mais quand ma mère nous a vus, elle a fait une tête terrible, ses longs cheveux en désordre se sont dressés sur son crâne et elle nous a mis une sacrée raclée quand elle est rentrée. Il fallait bien que notre pauvre mère travaille, lui a dit Dorian, et ma mère lui a griffé le visage en le claquant bien comme il faut. Je suis pas une pute, petit enfoiré, raclure ! Et elle a tambouriné sur le corps de mon frère qui aurait pu se défendre mais qui ne voulait pas taper sur sa maman. Et toi, petite salope, dégage de là, t’es bonne qu’à rester là à regarder tout ce qui se passe, mais occupe-toi plutôt de ton cul, va dans ta chambre !
Le soir, ma mère est sortie et on n’a mangé que tous les deux. Quand ça arrivait, Dorian et moi étions contents : on mangeait des gâteaux et on buvait des laits fraise en regardant la télé. Quand ma mère est rentrée, on dormait depuis longtemps sur le canapé, elle n’a pas éteint l’écran, elle a filé dans sa chambre et on ne l’a pas revue avant le lendemain soir.
Je n’ai jamais compris pourquoi ma mère avait couché avec l’ancêtre Benaoui, il me paraissait si répugnant ! Il lui manquait des dents, son nez était énorme et il n’avait plus de cheveux depuis longtemps. Je ne l’ai jamais entendu dire de bien de qui que ce soit, ni de mal d’ailleurs, il se contentait de faire des allusions ou carrément des propositions indécentes, mais c’est vrai que ma mère ne savait pas ce qu’était que la décence. En revanche, une fois je l’ai vue pleurer, et je lui ai demandé pourquoi, elle m’a demandé de partir. Je me suis dit qu’elle avait peut-être un cœur aussi.
Quand Croquette est mort, j’ai décidé de reprendre un chien qu’on ne pourrait pas me voler, et j’ai eu Krokett, sa version imaginaire. J’ai beaucoup joué avec lui, on allait faire des promenades le long de la voie ferrée, et quand un train passait, Krok obéissait toujours, il ne s’est jamais fait écraser. J’étais très fière de lui, surtout parce qu’il a été propre tout de suite et qu’il l’est resté, pas comme le chien des Garcin, des gens qui habitaient un peu plus haut que chez nous, et qui pissait sur toutes les maisons en faisant enrager tout le monde. Krok était mon confident, et avec lui, pas de risque de chantage. La seule fois où j’ai regretté de lui avoir dit un secret, c’était quand Dorian m’a surprise avec lui. Il me guettait depuis le trou de la serrure, il avait décidé d’être méchant. J’ai dû nier l’existence de mon chien, mais c’était trop tard, le mal était fait. Mon frère a recommencé son chantage et j’ai dû faire la vaisselle pendant plusieurs semaines sans moufeter. Impossible de parler avec lui, il était programmé pour être maître-chanteur.
Quelle cruauté, chez ce petit gringalet prétentieux ! Il semblait avoir envie de me pourrir la vie jusqu’au bout, en exhibant tout ce qui m’appartenait, tout ce qui était le plus intime pour moi. La vérité qu’il brandissait devant moi, avec laquelle il me menaçait comme si ça avait été le signe de la honte, c’était l’amour que j’avais pour un camarade de classe, Jonathan, un garçon dont la Boldoni était amoureuse elle aussi. Depuis le vol de mon fidèle compagnon, j’éprouvais une telle haine contre celle-là, que si j’en avais eu l’occasion, je l’aurais tuée à la force de mes mains. Comment est-ce que j’aurais pu ne pas voir qu’ils sortaient ensemble ? Nous étions tous les trois dans la même classe, et impossible pour moi de ne pas remarquer qu’ils étaient inséparables : ils s’attendaient pour faire le chemin ensemble, ils s’invitaient l’un chez l’autre, ils étaient toujours en train de se raconter quelque chose…
Je me souviendrai toujours de la première fois où je suis tombée amoureuse de ce garçon à qui je n’aurai jamais parlé. J’aurais pu m’ennuyer à mourir à ma table d’écolière. C’était la rentrée des vacances de Pâques, et nous étions en cours de musique. Un surveillant est entré au milieu du cours avec à sa gauche un nouvel élève de douze ans, vêtu d’un survêtement de sport rouge. Ses chaussettes remontaient sur son pantalon, sa taille était fine, ses cheveux étaient blonds relevés en une mèche figée dans une épaisse pâte à coiffer. Il découvrait la classe avec des yeux impressionnés et mon cœur a fondu comme neige au soleil. Je ne l’ai plus quitté des yeux, je l’ai dévisagé, j’ai imprimé son visage dans mon cœur trop petit pour contenir autant d’amour. À partir de ce moment-là, j’ai eu de bonnes raisons d’oublier ma mère. Je pensais à mes petites histoires, je vivais encore plus dans ma rêverie permanente : je voyais des Jonathan partout, dès qu’un garçon avait le même survêtement que lui, je croyais le voir, mon cœur se serrait et je me sentais toute heureuse, mais quand c’était vraiment lui, je me sentais au comble du désespoir, car il n’avait jamais levé les yeux sur moi, il avait trop à faire avec J. B.
Ce que je voudrais dire encore, c’est que les courts séjours chez mon père, un week-end sur deux, avaient jusque là sonné comme des trêves, mon père ayant moins le goût de la torture que ma mère. Il ne s’occupait pas de moi, je faisais ma vie comme une grande. Je faisais toujours autant le ménage, je faisais à manger et j’appelais mon père quand c’était cuit, quand on avait fini le repas je débarrassais et je pouvais retourner tranquillement dans ma chambre. Mieux, quand il avait une cocotte, parfois, elle avait un peu de pitié pour moi alors elle faisait tout à ma place. Je me moquais bien de ce qu’elle pensait, tout ce qui m’intéressait, c’était qu’elle me dégage du temps pour rêvasser. Mais à partir du moment où Jonathan est devenu mon unique centre d’intérêt, je n’ai plus du tout eu envie d’aller chez mon père, car il m’ôtait toute possibilité de mourir d’amour à la croisée de la rue Saint-Ménard et de la rue de la mairie, où donnait ma chambre. Je ne sais pas si j’étais plus gentille ou plus méchante, je crois que j’étais juste plus absente, barricadée dans ma tête à mille lieues de tout ce bourbier. Quand j’y repense, j’aurais mieux fait de zieuter Dorian comme il le faisait avec moi, j’aurais peut-être remarqué que quelque chose avait changé chez lui aussi, qu’il s’était trouvé une pouf comme mon père. Je savais bien qu’il sautait la voisine du dessous, qui avait bien dix-sept ans à l’époque, mais ça tout le monde le savait, et je n’avais pas de quoi le faire chanter.
Pourquoi est-ce que ça me gênait tant qu’il sache pour Jonathan et moi ? Parce qu’il n’y avait pas de Jonathan et moi. Après tout, je n’avais rien à me reprocher, je n’avais même jamais adressé la parole à ce garçon. Mais ma mère m’avait tellement mise en garde contre eux, parce que c’étaient tous les mêmes, en me racontant ses avortements et la misère d’élever deux gosses bons à rien qui lui coûtaient le peu qu’elle avait, que je ressentais comme une honte immense à l’idée de finir comme elle. Je ne voulais pas qu’elle m’en veuille, je ne voulais pas qu’elle voie en moi une ratée encore plus ratée que je ne l’étais. Alors je m’arrangeais pour tout lui dire, tout lui raconter, dès que j’allais faire un tour, le long de la voie ferrée ou derrière l’étang de la Brocadelle, si j’allais taper quelque bout de bois contre le mur du hangar de la ville, si je voulais faire sauter le chien des Garcin de l’autre côté du portail et jouer une heure avec lui. Ma mère me disait mais pourquoi tu me racontes tout ça, Anabella, tu veux pas que je vienne avec toi non plus ? Et elle me chassait, mais au moins elle savait où j’allais. À force que je lui dise, un de ces quatre, elle a pris mon frère à part et elle lui a demandé de me suivre. J’étais sûre de mon coup, sûre que je faisais bien ce que je disais que je faisais.
Ce jour-là je suis allée faire des bouquets de fleurs à la sortie de la ville, le long de la rivière, parce que c’était le printemps et il y avait plein de branches d’arbre toutes couvertes de petites fleurs blanches qui faisaient comme des confettis dans l’atmosphère cotonneuse. Je me suis amusée à faire un énorme bouquet que j’avais du mal à tenir, parce que je ne voyais plus où je mettais les pieds. Quand j’ai eu fini et que je me suis dit que j’en avais assez, je me suis bien demandé ce que j’en ferais. Mon frère était planqué derrière un pont, il n’était pas assez discret pour ne pas se faire remarquer. Mais je m’en fichais, je savais que je ne faisais pas de mal, que je n’avais rien à me reprocher. J’ai tenu mon bouquet comme ça jusqu’à être assez avancée dans la ville, et puis comme je suis passée devant le cimetière, je me suis dit tiens, il y a peut-être un mort à qui ça ferait plaisir un bouquet de fleurs.
Je suis rentrée par le grand portail, il y avait de vieux bidons de lessive que les gens utilisaient pour laver les tombes ou s’en servir comme arrosoir ; et j’ai marché au milieu des tombes dont les noms m’étaient tous inconnus, et j’ai cherché la tombe la plus moche, celle qui n’avait pas un pot, pas une plaque, même pas une vraie tombe. J’ai trouvé une croix en béton pleine de mousse qui avait l’air très vieille, c’était juste une motte de terre avec de mauvaises herbes dessus. J’ai posé le bouquet par terre, j’ai repensé à Croquette, mon pauvre Croquette, volé presque entre les mains de sa maîtresse. J’aurais bien aimé écrire son nom à la place de celui qui y était, mais je n’avais pas de quoi. J’ai seulement dit une messe en mémoire de mon défunt chien, en glorifiant sa fidélité et son courage d’avoir été vaincu entre les mains de l’ennemi, et je me suis signée à peu près comme on doit, même si je n’avais pas pu beaucoup m’entraîner à ce genre de chose. Alors mon brave Krokett et moi on s’est assis et on a baissé la tête, comme ça, devant le tas de terre moche, et on n’osait pas penser au vieux Benaoui qui avait profané la tombe de mon chien dans son jardin.
Quand je suis rentrée à la maison, Dorian a fait semblant de me rattraper, il m’a demandé comment j’allais et ce que j’avais fait. Je lui ait dit qu’il le savait bien, alors il s’est tu. Mais quand on est arrivés et que ma mère a levé son sale cul du canapé, elle m’a demandé de foutre le camp dans ma chambre et je suis restée assise dans l’escalier pour entendre ce qu’elle disait à mon frère. Il lui a dit que j’avais passé l’après-midi avec Jonathan Bousantier, qu’on avait fricoté toute l’après-midi ensemble et qu’il m’avait invitée à rentrer dans la maison, qu’à partir de là, il ne savait pas trop ce que j’avais fait, mais qu’il attendait dehors. Il a dit que quand il m’avait vue sortir, j’étais toute rouge et que je tirais mes nippes comme si je venais de me rhabiller. Ma mère a bondi dans l’escalier et elle m’a collé au moins vingt baffes dans la figure. Et j’avais beau hurler, elle continuait en m’insultant de pute, de saloperie, de traînée, va manger tes morts, va manger tes morts, sale garce, elle ne disait que ça, que ces mots dont elle n’arrivait pas à s’extraire, et elle continuait à me tabasser dans l’escalier. Je me suis évanouie et quand je me suis réveillée, j’étais allongée dans l’escalier, il n’y avait plus personne autour de moi.
Je ne sais pas pourquoi Dorian a fait ça, peut-être qu’il voulait juste savoir ce que ça ferait si ma mère se voyait à travers sa fille, comme si elle avait pu se punir toute seule de ce qu’elle faisait. Ma mère n’est jamais revenue sur l’histoire. Elle est retournée sur son canapé, à moitié couchée, en buvant du café à tire-larigot. Puis un jour elle est morte, comme ça, sur le canapé où elle était le plus clair de son temps. Elle a bouffé une boîte de pilules, comme dans les films, et je me suis dit que ça n’avait servi à rien de lui en vouloir, ni de lui faire la morale sur moi. Je me suis dit qu’elle-même n’avait servi à rien, qu’elle aurait pu ne pas exister, ne pas faire de gosses, que ça aurait été mieux pour tout le monde. J’avais treize ans, Dorian quinze. Dans l’église il n’y avait presque personne, et Dorian et moi n’avons pas pleuré. Je n’ai jamais plus pissé au lit.